Iles de la Madeleine : Un voile de mystère aux larges de Dakar
Les îles de la Madeleine font
partie des endroits les plus exotiques du Sénégal. Aussi fabuleuses que
mystiques, ces archipels n’en regorgent pas moins un
fort potentiel naturel. Les îles de tous les rites et rituels constituent une
zone de concentration de la biodiversité.
De
la corniche ouest de Dakar, les falaises des îles de la Madeleines se dressent
sur la mer. Les âmes curieuses, vont certainement s’aventurer sur le site mythique
et mystique. A l’embarcadère, un groupe de jeunes filles s’excite. L’île vierge
exerce un attrait particulier. Depuis des années, une voile de mystère
enveloppe le site qui n’est pas si austère. A côté de l’excitation, un couple
patiente. Les deux conjoints admirent les kakémonos et parcourent les
informations pratiques qui parent les murs de la salle d’attente. Quelques
minutes plus tard, la pirogue se remplit davantage de passagers enthousiasmés.
Un homme s’emmure dans un silence à bord de la pirogue. Il marmonne. Il formule
des prières. Le couple est plus détendu.
Le moteur de la pirogue vibre tout d’un coup puis s’arrête.
La
traversée s’annonce mal. Les plus anxieux se serrent les uns contre les
autres. L’équipage redémarre. Les
défaillances persistent. L’équipage ne prend pas de risque. La traversée se
fera à bord d’une autre embarcation. Après une troisième tentative sur la
nouvelle barque, le moteur cède sous l’impulsion de « Casque bleu »,
un piroguier. La cinquantaine révolue,
il enclenche une discussion qui suscite une hilarité de la part des
aventuriers. « Vous vous rendez au domicile du génie protecteur de la
région de Dakar » prévient-il. Les passagers se regardent. La peur est
dans l’air. « Casque Bleu » fredonne une chanson Lébou. L’adrénaline
monte et se mêle aux remous de la barque. Les filets d’eau de mer mouillent les
gilets de sauvetage. Au bout d’une dizaine de minutes, les visiteurs découvrent
une partie de l’île. Ici, les vagues s’écrasent sur les rochers à un rythme
ininterrompu. « On dirait que ce
n’est pas au Sénégal », s’émerveille Anta, assise sur la pirogue.
Ile paradisiaque
La
pirogue atteint le débarcadère, au fond de la crique Hubert de l’île Sarpan,
sous le regard admiratif de l’équipage. Les hôtes sortent leur téléphone. C’est
la séquence de prises de vue. Le site vit une série de selfie et de snaps.
Surexcités, les visiteurs se
débarrassent de leur gilet de sauvetage. « Bonne arrivée à vous sur l’île
Sarpan » accueille un agent des eaux et forêts.
La
merveille insulaire se découvre. La plage coquilleuse et l’eau bleuâtre
scintillent sous le chaud soleil. Un homme, en pleine exploration, abandonne
son corps dans l’eau, les pieds émettent des mouvements rapides. Mais que dire
de ces jeunes filles frêles à peine couvertes de serviettes qui se bronzent au
soleil comme des touristes venus d’ailleurs. Le site est plongé comme
d’habitude dans un calme plat. Mais les cris des jeunes filles rompent de temps
à autre cette quiétude comme du reste le vrombissement des moteurs.
Quelques
tentes sont disposées sur la plage. Elles n’attirent pas grand monde pour
autant. Les gens semblent préférer communier avec la nature en se prélassant
sous les arbres, tel des morceaux de fer sur de l’aimant. Un jeune couple se
met à l’ombre, sous un arbre soutenu par une grande roche. La jeune fille, le
teint noir, sursaute à la vue d’un
mille-pattes. Ces myriapodes sont partout sur l’île.
On
peut aussi voir des gaillards qui époussètent les pierres et déposent les sacs.
Tout d’un coup, la musique résonne. Les rythmes des chansons sont endiablés.
Abdou, un membre du groupe, balance son corps, emporté par la chanson cadencée.
Quelques
membres du groupe décident de braver la marée houleuse pour rejoindre l’autre
rivage visiblement plus sablonneux. La bande se scinde ainsi, Moctar dirige la
marche et la queue se forme, l’eau les arrive aux cuisses. Ils foncent dans une
zone où les roches affleurent. Les mains s’agrippent sur les tee-shirts des uns
et des autres…
Ile mystique
Après
de bonnes heures sur l’île déserte, et inhabitée des humains, le guide regroupe
la troupe pour la visite. Le groupe arpente le sentier menant vers la falaise.
« Couvrez-vous le corps entièrement », s’adresse le guide Manga à deux jeunes filles. Elles s’étaient
légèrement parées de leurs maillots de bains, dévoilant, ainsi, leur
nombril. Au fur et à mesure que l’on
remontait la pente, on entendait les visiteurs se plaindre. La montée n’est pas
une promenade de santé dans ce sentier broussailleux en cette période
d’hivernage. Sur la pointe de la falaise haute de d’une trentaine de mètres, une
vue panoramique de Dakar se décline. Le tapis vert remplit le champ de vision.
L’ascension en vaut la chandelle. Une construction en latérite à l’allure d’un
chantier, « Case Lacombe » se dissimule comme une planque en haut de
la falaise. La seule bâtisse de toute l’île a été érigée en 1779 par le prêtre
Lacombe. Il voulait y développer la culture des patates.
Mais,
le propriétaire des lieux, LeukDaour Mbaye lui est apparu et lui a défendu
d’ériger la case, explique Manga, la main se balance dans les airs. « Il a
désobéit, poursuit-il, et le génie a utilisé la manière forte, il lui a asséné
des fessées. Finalement, Lacombe a laissé tomber », narre passionnément
Manga. La bâtisse est, donc, aujourd’hui le témoin de cet accrochage entre le
prêtre et le génie de l’île qui veille sur son territoire.
Les
îles de la Madeleine sont réputées pour leur mysticité. Cet aspect expliquerait
l’absence de présence humaine. « Les humains ne cohabitent pas avec les
génies », martèle l’éco-garde.
Les
aventuriers marchent, à présent, sur les ruines d’un mirador. Les Lébous ont
détruit le poste d’observation ornithologique. « Les constructions sur
l’île vont se répercuter sur les populations de Dakar». Les
« explorateurs » suivent attentivement le récit captivant en filmant avec leur téléphone.
L’excursion
se poursuit. A une autre extrémité de la falaise, Manga, désigne du doigt,
l’île Lougne. Cet autre site aussi mystique que l’île Sarpan désigne le nom
d’un talisman servant à se protéger contre les mauvais esprits.
« Lougne » ou « Lar » peut aussi vouloir dire « thiar »
en wolof qui veut dire ramification afin de démontrer que l’île
« Lougne » dépend de l’Île Sarpan. Elle est particulièrement
rocheuse. « Si LeukDaour et sa famille sont très croyants, martèle Manga,
les génies de l’île voisine sont toujours animistes », argue-t-il
lyriquement. Les sacrifices de sang sont d’habitude réalisés sur cette île. Elle n’est ni
fréquentable, ni accessible. A ce moment, une équipe de plongeurs sous-marine
active le moteur et rebrousse chemin.
Les
hôtes de l’île ne semblent pas inquiétés par la confession du guide. Ils prennent des photos. Une colonie
d’oiseaux prend s’envole au loin. Le chemin est repris. Ils dépassent une
colonie de Borgia Senegalensis. « Pourrais-je arracher quelques
fruits ? », s’empresse de demander un membre du groupe. « Il est
préférable de ne toucher à rien », recadre Manga. Ils atteignent à présent
une autre extrémité de la vaste étendue en altitude. Sur cet angle, la mer
gouverne le champ visuel à perte de vue.
Sur les pieds de Manga, un obus
traine au sol. « C’était durant une bataille entre les lébous et
les colons », explique-t-il. Au fur et à mesure de l’exaltante visite, on
découvre d’autres plaques de rites et rituels. Le guide a obligation de ne pas
profaner ces locaux mystiques de la communauté Lébou, en y introduisant les
visiteurs.
A
un moment, durant la marche, le groupe découvre un baobab imposant avec le
tronc puissant. Il trône dans un coin du site. Des colliers, bracelets entre
autres parures sont enfouies dans ses creux, de même que des pièces d’argent. Des
bouteilles sont déposées sous le majestueux baobab. Certains choisissent délibérément de ne pas pénétrer
« Le Turukay » ou la demeure de LeukDaour Mbaye. L’intrusion dure
peu, les explorateurs reprennent le sentier de la découverte mystique. Soudain,
une couleuvre ralentit leur marche. Elle se faufile entre les arbustes et
disparait sous le regard apeuré du groupe. Le soleil s’est admirablement calmé
en cette fin de journée.
Après
une quarantaine de minutes d’une troublante exploration, une magnifique plage
des tortues se dévoile. Du haut de la falaise, les explorateurs profitent de
cette merveille terrestre.
Puis
quelques minutes de marche plus-tard sur les extrémités de l’île, ils
découvrent la première porte de l’île. Elle est rocheuse. C’était la plage des
phoques. Du haut de la falaise, il est facile d’apercevoir de belles vagues
pénétrant la plage de gros galets noirs.
La
visite se boucle avec la découverte d’un vieux baobab nain de 572 ans qui est
niché dans un coin. Un silence de mort enveloppe ce refuge. L’endroit est idéal
pour la méditation…
Le
soleil est à présent faible. L’océan dégage un scintillement immaculé qui perce
la vision. Les eaux sont calmes, les âmes errent à la recherche d’une barque
pour le retour. Aucun humain n’est autorisé à passer la nuit sur les lieux…
Histoire de l’île
Le
nom Madeleine vient d’un bateau portugais. Le havre de quiétude et de nature
que constituent l’archipel, a été découvert par Denise Dias en 1444. Les études
ont plus-tard démontré que l’île volcanique était âgée de 5 millions d’années.
Le
parc national des îles de la madeleine se trouve à 4 Km environ au large de
Dakar. Elle est une réserve ornithologique depuis 1949. Puis a obtenu le statut
de parc national en 1976 par le décret 76-0033. Elle est candidate à la liste
du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005.
Les
premiers inventaires des espèces datent de 1749 avec le botaniste français
Michel Adamson puis bien plus tard, complétés par d’autres naturalistes dont
Théodore Monod qui y fera une escale en 1938…L’îlot Sarpan, dont la déformation
a donné île des serpents, viendrait d’un sujet de l’armée coloniale, qui y
aurait été déporté pour un temps…C’est une île stratégique, d’ailleurs elle est
négociée par les américains.
Une riche biodiversité
Sur
l’île Sarpan, il y a une étonnante espèce de baobabs : ils sont tous
nains. Selon la légende, « le génie ne voudrait pas d’élévation sur sa
propriété ». Par ailleurs, il y a une explication scientifique : les
rudes conditions climatiques et les fortes tempêtes venant de l’Atlantique
auxquelles les baobabs sont soumis ont influé leur développement. Ces arbres se
sont adaptés sur les roches volcaniques. Ils sont de curieux spécimens ne
dépassent pas les 6mètres de hauteur.
« On
avait eu à mener une étude sur les baobabs de Gorée et ceux d’ici. Les
conditions sont les mêmes, mais ici les baobabs ne connaissent jamais de
hauteur », explique Manga, l’écogarde. La légende a-t-il raison sur la
science ?
L’archipel
est constitué de falaises raides à couverture steppique. Elle s’étend sur 45
hectares, terre et eaux comprises.
Les
Iles de la Madeleine offrent une large diversité de flore et de faune. La flore
compte quelques espèces rares mais elle est spécialement caractérisée par la
végétation que l’on retrouve dans la région de Dakar. « Il y a 117 espèces
végétales sur l’île » renseigne l’agent des eaux et forêts, Manga.
Une variété d'espèces aviaires
L’archipel est fortement convoité par les oiseaux, il
est un carrefour migratoire. La
principale espèce qui vit en permanence sur l'île s'appelle le Phaéton à bec
rouge qui se raréfie à cause de la lenteur de sa reproduction. L'île de la
madeleine est l'un des rares endroits où on peut le trouver. D'autres espèces
comme le Milan noir, le Faucon pèlerin ou le Balbuzard pêcheur fréquentent
aussi les lieux de même qu'une grande colonie de cormorans.
Diery Diagne
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